Logo Site Diocèse Page Accueil

Un témoin, une foi : séminariste pour le diocèse d’Orléans

Clément, 27 ans, issu d’une famille nombreuse catholique d’Orléans, a connu un grave accident à l’adolescence qui a bouleversé sa vie et l’a éloigné de la foi. Il témoigne de son parcours et des étapes qui l’ont amené finalement à s’engager sur la voie du séminaire, au service de l’Evangélisation.

Clément Pesme séminariste

Bonjour Clément, vous êtes en deuxième année du Séminaire d’Orléans. Vous allez nous parler de votre étonnant parcours de vie et de foi, qui vous a mené à votre vocation.

J’ai la chance d’avoir grandi dans une famille catholique. Je suis le troisième d’une fratrie de six garçons. Mes parents ont eu à cœur de nous transmettre la foi à travers la messe, le catéchisme et la prière en famille. À l’âge de 13 ans, en faisant mon premier camp scout, a eu lieu un tournant dans ma vie : une bouteille d’alcool à brûler a explosé. J’ai été gravement brûlé. J’ai été évacué à l’hôpital où je suis resté un mois en soins intensifs. Les brûlures étaient profondes, j’ai subi sept greffes de peau.

Cela a dû être une expérience éprouvante. Quand on est dans une famille croyante et qu’il nous arrive quelque chose, est-ce qu’on n’a pas de la colère contre Dieu ?

Je me suis éloigné de la foi, je ne comprenais pas le sens de cet accident. Dieu a mis du temps ensuite pour revenir dans ma vie. Des amis m’ont invité à participer à des activités spirituelles, des adorations eucharistiques, des camps organisés par la Communauté Saint-Jean, mais j’étais surtout désireux d’avoir une vie sociale nourrie et riche.

Il y a quand même un camp qui vous a marqué en particulier…

Un temps de prière à la fin d’un camp a vraiment transformé ma vie, radicalement. J’ai senti l’amour du Seigneur de façon très palpable. C’était comme si j’avais une boussole dans ma vie. Tout s’éclairait sur ce que je voulais faire de ma vie : la vivre avec Dieu, pour Dieu. Il y avait aussi un fort désir en moi de partager ce que j’avais vécu, dire autour de moi « le Seigneur veut vous faire vivre des choses extraordinaires avec lui. Il a vraiment un Amour extrêmement fort à vous donner ». C’est dommage que les gens passent à côté de cela. Après cette conversion, j’ai repris mes études scientifiques. Je nourrissais en même temps beaucoup ma vie spirituelle dans des lectures, notamment le Petit Journal de Sainte Faustine.

Qu’est-ce qui vous a marqué chez elle ?

Elle pouvait converser avec le Seigneur de manière très simple, et je prenais de plus en plus conscience de la proximité de Dieu qui est vraiment une personne qui discute avec nous comme un ami. J’ai aussi été touché par le message de la Miséricorde divine, qui dépasse toutes les vies d’égarement, toutes les fautes possibles. Sainte Faustine fait à un moment la description dans son Petit Journal d’un tableau auquel le Seigneur attribue beaucoup de grâces. En lisant ces mots, j’ai demandé au Seigneur de voir à quoi ressemblait ce tableau. Peu de temps après, j’ai trouvé sur l’étagère de ma chambre un petit tas d’images de ce Christ miséricordieux. Je les avais posées là des années auparavant sans y prêter attention.

Donc le Seigneur répond vraiment quand on lui demande « Donne-moi un signe » ?

Oui, mais cet état d’intensité spirituelle s’est affadi pour moi par la suite. Il y a juste après la conversion quelque chose qui n’est pas encore très mûr, pas éclairé par une forme de tempérance. Je suis retombé dans la morosité d’un  quotidien où le Seigneur ne se faisait plus sentir. Cela a été une vraie épreuve pour moi. Pendant les années d’études qui ont suivi, j’évitais vraiment cette question de la vocation.

Est-ce que la question de fonder une famille vous a alors effleuré ?

Bien sûr. À vrai dire, j’en ai toujours été désireux. Là où les choses sont devenues différentes, c’est au moment de cette rencontre avec le Seigneur quand je lui ai posé la question de ma vocation. J’ai reçu un papier où il était écrit une phrase de la petite Thérèse : « Ma vocation je l’ai trouvée, ma vocation c’est l’Amour ». Tous les Chrétiens ont une vocation à l’Amour, mais sur le moment, cela a vraiment résonné en moi comme un appel à une vie consacrée. Dans mon cœur, c’est comme si le Seigneur me disait « J’aimerais que tu me suives entièrement »

Et vous disiez que vous aviez un appel très fort à témoigner de votre foi.

Une chose ne m’a jamais quitté, même dans les moments d’aridité, le désir de faire connaître et aimer le Seigneur. Pendant mon discernement, pour satisfaire cette soif, je suis d’abord parti un an au Cambodge avec les Missions Étrangères de Paris. Il s’agissait plus d’être missionnaire par un témoignage de vie qu’en annonçant le Seigneur sur les places publiques. Concrètement, j’allais dans village bouddhiste donner des cours de soutien scolaire dans différentes matières et assurer une présence auprès des enfants du village.

Quand vous êtes revenu en France, vous avez eu une deuxième expérience missionnaire.

Je me disais qu’il ne fallait pas avoir peur de l’audace dans la mission, car c’est vraiment là que l’Esprit Saint s’exprime. J’ai créé une petite chorale missionnaire avec le soutien de quelques amis pour y participer. Les Missions Étrangères de Paris nous ont prêté un local pour monter le Sacré Chœur, avec le jeu de mots. Il se réunit toujours les mardis soirs et propose des chants polyphoniques de louange dans la rue et en parallèle, interpelle les gens sur la place de Dieu dans leur vie. Je crois beaucoup à la force de l’évangélisation par l’art en général, et en particulier par la beauté du chant polyphonique ou liturgique.

Est-ce que le chant fait partie de la formation des séminaristes aussi ?

J’ai la chance d’être responsable des chants au séminaire cette année, d’être maître de chapelle, et donc j’essaie de faire profiter au maximum la communauté d’une grande diversité de chants bien écrits ou porteurs pour la vie spirituelle. Notre séminaire à Orléans est complètement international : sur les 38 séminaristes, nous ne sommes qu’une douzaine de Français métropolitains. Cela nous permet de bénéficier de nombreuses influences étrangères.

Enfin, comment voyez-vous votre avenir ? Celui de l’Église ?

J’ai appris qu’avec le Seigneur, il ne faut pas trop se projeter et en même temps ne pas avoir peur de l’engagement : laisser la place à l’Esprit Saint de s’exprimer dans l’imprévu. J’ai l’intime conviction et espérance, mais c’est très personnel, qu’un renouvellement va s’opérer dans l’Église.